Michel Rizza est parti, définitivement à la fin de l’année 2020. Décédé dans la discrétion, fidèlement à sa personnalité, il nous laisse pour ceux qui avaient eu la chance de le côtoyer, son humour, son érudition, sa légèreté d’être, sa finesse d’esprit. Il était homme de culture, un chercheur rigoureux et actif, toujours attentif à la science, capable de dépasser les préjugés y compris les siens. Michel Rizza restera « un homme bien ».

Il aura fait beaucoup pour la filière construction biosourcée française. Alors qu’il dirigeait une entreprise reconnue dans le domaine des enduits, il s’intéressera très tôt aux mortiers et bétons biosourcés (le chanvre à l’époque), sujet que tous les gens « sérieux » regardaient avec, au mieux beaucoup d’ironie. En 1998, ce visionnaire mettra au point le premier liant spécifique pour les bétons de chanvre, le « Tradical 70 ». Ce liant, devenu référence en la matière, aura permis de sécuriser la confection des bétons de chanvre. Michel Rizza aura, depuis, accompagné d’autres produits encore plus performants, utilisés par exemple récemment dans la construction d’un gymnase à Vitry-sur Seine par l’architecte de renommé internationale Rudy Ricciotti ou encore pour la réalisation d’un immeuble de 40 logements actuellement en cours à Trilport (Ile de France).

Toujours dans la discrétion, Michel aura soutenu l’innovation. Il fut membre fondateur de « Construire en chanvre » en 1998. Il accompagnera toutes les réflexions stratégiques de cette association professionnelle sans laquelle la filière chanvre et plus largement celle de la construction biosourcée ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Michel est également à l’initiative de la Guilde des Métiers de la Chaux et de son Groupe de travail Sable Vert qui regroupe aujourd’hui les acteurs des bétons végétaux (dont des groupes internationaux comme Vicat ou ParexLanko ou des centres de recherches comme le Cerema et l’ENTPE, partenaires de TyCCAO) et qui lance ces jours-ci les travaux de normalisation sur les granulats végétaux.

Michel était impliqué sur TyCCAO. Il devait participer à mettre au point des liants pour confectionner des bétons végétaux avec du typha et d’autres matériaux disponibles localement – au départ les ciments de la Sococim. Il était particulièrement motivé par la volonté de transmettre un savoir et des méthodologies acquises durant toutes une longue carrière dont une bonne partie a été consacrée aux usages les plus innovants de la chaux – sujet sur lequel il était intarissable.

Au revoir Michel. Le son, le murmure de votre voix, votre sourire toujours esquissé, votre présence nous manqueront.

Nous vous saluons, respectueusement.