Les réglementations environnementales se construisent au gré des connaissances techniques et des volontés politiques. Depuis l’« Eco construire pour le confort de tous » de la nouvelle réglementation environnementale française (RE 2020) à la feuille de route « Pour un futur » Sénégalais, nommée « Réglementation énergétique et environnementale dans le secteur du bâtiment » en passant par la Charte de la qualité environnementale des bâtiments mauritanienne, l’année 2020 marque un tournant dans une approche résolument environnementaliste des bâtiments.
On le sait le secteur du bâtiment est un gros producteur de GES. On sait beaucoup moins que, sur la durée de vie d’un bâtiment, la majorité de ces GES proviennent de la fabrication des matériaux et non de l’énergie nécessaire au fonctionnement du bâtiment. Au Sénégal, en Mauritanie comme en France, priorité donc est donnée à la sobriété énergétique mais aussi à la décarbonatation de la construction. Et place aux nouvelles filières et à l’usage accru de bois et des matériaux biosourcés. La RE2020 française est une révolution. Autant la saluer. En prenant en compte les impacts dus aux matériaux – et pas seulement le fonctionnement du bâtiment – en réglementant les émissions de carbone – et pas seulement la consommation d’énergie – en ouvrant la porte au stockage du carbone , elle introduit un vrai changement de paradigme. La feuille de route Sénégalaise poursuit les ambitions affichées par les directives de la CEDEAO (2014) et de l’UEMOA (2019) fixant des mesures d’efficacité énergétique dans la construction des bâtiments. Elle prend en compte le contexte climatique et pose comme voie d’accès les pratiques constructives. Cette « feuille de route » est un exercice par étapes pour l’instant fortement marqué par la question énergétique du fonctionnement des bâtiments. L’usage des matériaux locaux et notamment les biosourcés sont d’actualités. Et on ne comprendrait pas, alors que l’Etat Sénégalais affiche comme priorité la construction de 100 000 logements, que cette formidable opportunité ne booste pas l’usage et l’environnement réglementaire des biosourcés. En Mauritanie, la Charte de la qualité environnementale des bâtiments est initiée par l’Ordre des architectes et ses partenaires de TyCCAO. Elle a l’ambition d’être le socle d’une approche globale et pragmatique des performances écologiques des bâtiments. Et, pourquoi pas, d’inspirer de futures directions réglementaires. Sans préjuger du fruit des concertations dont elle fera l’objet, on peut en attendre que les matériaux locaux et biosourcés comme le typha y aient toute la place qu’ils méritent.
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